numerama.com - Depuis la fin juillet 2025, le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) de Paris, l’une des institutions majeures en recherche et patrimoine naturel dans le monde, est la cible d’une cyberattaque d’une ampleur inédite. L’organisation ne parvient plus à accéder à de nombreuses bases de données destinées à la recherche scientifique.
C’est une affaire qui s’enlise, et dont l’issue demeure incertaine.
Depuis plusieurs semaines, une partie des réseaux, des outils de recherche et des services numériques essentiels du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris restent inaccessibles.
L’incident, révélé le 31 juillet 2025 par nos confrères de La Tribune, n’a toujours pas été résolu à l’heure où nous publions cet article, ce mardi 12 août à la mi-journée.
La direction du Muséum dit faire face à une cyberattaque sévère : « C’est une attaque vraiment massive. (…) La durée de l’indisponibilité des outils et services, ainsi que le calendrier du retour à la normale, ne sont pour le moment pas encore déterminés », précise Gilles Bloch, président du MNHN, au micro de FranceInfo le 11 août 2025.
Pour l’heure, une question demeure : qui sont les auteurs de cette cyberattaque, et quelles peuvent être leurs motivations ?
L’hypothèse d’un ransomware
La direction de l’organisme confirme avoir prévenu les autorités. Une enquête judiciaire est en cours, dirigée par la section cybercriminalité du parquet de Paris, pour déterminer l’origine, le mode opératoire et les motivations exactes de l’attaque.
Si les premiers éléments semblent orienter vers une opération criminelle structurée, le cas du Muséum national d’Histoire naturelle va bien au-delà du simple vol de données, comme cela a pu être le cas lors de récentes cyberattaques ayant visé des grands groupes français tels qu’Air France ou Bouygues Telecom.
Ici, les chercheurs du Muséum et du centre PATRINAT se retrouvent privés d’accès à leurs principaux outils de travail. Les bases de données inaccessibles représentent une véritable manne scientifique, indispensable aux chercheurs et à plusieurs réseaux collaboratifs. L’attaque perturbe fortement la recherche française, particulièrement dans le secteur des sciences naturelles et de la biodiversité.
Et c’est précisément cette situation d’indisponibilité totale et d’interruption prolongée qui fait redouter la présence d’un ransomware. Il est probable que les auteurs de l’attaque cherchent à exercer un chantage financier : restaurer l’accès aux outils informatiques contre le versement d’une somme d’argent, le tout orchestré via un logiciel malveillant qui tient l’établissement en otage.
Une position claire de la part du MNHN
Dans sa communication publique, la direction du Muséum national d’histoire naturelle de Paris tient à lever toute ambiguïté : aucune rançon ne sera payée.
Gilles Bloch rappelle qu’il s’agit d’« une doctrine de l’État français et des administrations publiques ». L’objectif, comme dans d’autres pays, est de ne pas alimenter le modèle économique des réseaux cybercriminels.
En attendant l’issue de cette affaire, et malgré les perturbations techniques, l’établissement assure que les galeries d’exposition, les jardins botaniques et les parcs zoologiques restent ouverts et fonctionnent normalement. Les visiteurs ne subissent donc aucune conséquence directe de la cyberattaque.
Dans cette quatrième édition du panorama de la menace, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) revient sur les grandes tendances de la menace informatique ainsi que sur les éléments et incidents marquants dont elle a eu connaissance en 2024.
Dans la continuité des années précédentes, l’ANSSI estime aujourd’hui que les attaquants liés à l’écosystème cybercriminel ou réputés liés à la Chine et la Russie constituent les trois principales menaces tant pour les systèmes d’information les plus critiques que pour l’écosystème national de manière systémique.
L’année 2024 aura également été marquée par l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ainsi que par le nombre et l’impact des vulnérabilités affectant les équipements de sécurité situés en bordure de SI.
Comme d’autres services publics avant elle, l’université Paris-Saclay a subi une cyberattaque par le biais d’un ransomware sur ses serveurs. L’attaque qui a eu lieu le 11 août a affecté les services centraux de l’établissement, ainsi que ses composantes (facultés, IUT, Polytech Paris-Saclay, Observatoire des sciences de l’univers). Sont notamment indisponibles un certain nombre de services comme la messagerie électronique, l’intranet, les espaces partagés et certaines applications métier. Un site provisoire a été mis en ligne afin d’assurer, durant les prochaines semaines, la communication auprès des personnels et des étudiants. Une foire aux questions, relative à la cyberattaque, régulièrement complétée et actualisée y est affichée.